Métamorphose du Verdon
Années 50. Imaginez donc une vallée entourée de collines aux pentes douces. Au petit matin, cette vallée est totalement inondée d’une épaisse brume blanche et pure, maintenue prisonnière par les collines qui l’encerclent. Imaginez aussi une végétation clairsemée de chênes, de pins et de cyprès. Au centre de cette plaine, prospèrent des champs de blé, d’orge, des oliviers et des vignes. La Lavande, les truffes, le miel et les bulbes de fleurs sont aussi cultivés par les quelques habitants qui n’ont pas encore déserté l’endroit au profit des grandes villes de la côte d’Azur. Les villages sont animés par les forgerons, tailleurs de pierre, cordonniers, tisserands, boulangers et cafetiers. La rivière qui fertilise la plaine évoque un jardin paradisiaque. Voilà à quoi ressemblait cette partie du Verdon avant la mise en eau de la vallée : une plaine calme et généreuse. Ce faisant, avec la construction du barrage au début des années 70 cette plaine va entamer sa mue.
Le dessin d’un barrage
L’idée de l’aménagement du Verdon n’est pas récente en soi puisqu’elle remonte au début du XXème siècle. Il faudra attendre véritablement les années 60 pour qu’un plan de barrage soit présenté aux habitants (on parle alors d’un « projet de régulation d’eau »). Les principales raisons sont exposées. La future construction devra subvenir aux différents besoins en eau potable et en électricité d’une population toujours plus importante. Aussi, elle doit assurer une irrigation permanente aux agriculteurs.
A tournant des années 70, si la réalisation d’un barrage ne comporte pas de difficulté technique, ce sont les populations locales qui y font le plus obstacle. En effet, le projet va entrainer de profondes modifications. Non seulement le paysage mais surtout toute l’organisation globale des populations de la vallée va être modifiée. Tant que le projet de construction initial prévoit l’inondation de la totalité des villages présents (Salles-sur-Verdon, Bauduen et Sainte Croix), les populations s’opposent fortement à celui-ci. Après un temps d’âpres discussions, un projet définitif est accepté qui épargne les villages de Bauduen et Sainte-Croix. Le village des Salles-sur-Verdon sera englouti et un nouveau village sera reconstruit à l’abri des eaux.
Naissance d’une petite mer
Avec le barrage, la vallée change progressivement de visage. Alors que les champs s’estompent sous la couleur turquoise des eaux montantes, de nouveaux reliefs se dessinent. L’eau calme épouse les innombrables ravinements des collines, des criques et des plages émergent alors de cette transformation. La région se découvre ainsi un nouveau visage ; ouvert à tous, le lac devient une nouvelle destination touristique populaire. L’histoire de la vallée est racontée plus en détail à travers une exposition qui est lui dédiée. Mise en place par l’Association Culture, loisirs et patrimoine. Gratuite, l’exposition est visible à la mairie de Sainte Croix de Juillet à Août. Pour de plus amples renseignements, n’hésitez pas à joindre le Bureau d’information touristique : +33 (0)4 92 77 85 29.
Le barrage en chiffres
Le barrage de Sainte Croix est une retenue hydroélectrique. Après 10 ans de travaux, la fermeture des vannes du barrage s’est effectuée en 1973 puis le lac s’est rempli pendant un an, jusqu’en 1974. Géré par la société EDF, le lac représente la 4ième plus importante retenue de France.
Son architecture en forme de voûte à double courbure atteint 95 mètres de hauteur. Constitué de 55000 m3 de béton, la particularité topographique du barrage fait qu’une très grande quantité d’eau peut être retenue avec très peu de béton. Avec un ratio de 1m3 de béton pour 15000m3 d’eau, le barrage de Sainte Croix est l’un des plus importants de sa catégorie en Europe. Mais pour des raisons de sécurité, il est aujourd’hui interdit à la visite. Toutefois, on peut toujours admirer son impressionnante ligne de crête depuis le pont qui enjambe le lac sur la D111.
Le barrage a une production électrique équivalente à une ville de 150 000 habitants. Il participe également à l’irrigation des terres agricoles de la région. Enfin, il assure à la population un apport constant en eau potable.